Photographier en focale fixe !

J’ai fait du ménage dans mon sac photo. Pour ceux qui me connaissent ou qui me lisent régulièrement, je peste souvent sur le poids de mon sac photo et surtout de mon boitier plein format et objectifs photo. Oui, je sais, vous me répondrez que je n’ai qu’à passer à l’hybride ! Oui je sais, mais je n’arrive pas à me résoudre à abandonner le plein format. Je pourrais éventuellement passer chez Sony, mais l’encombrement et le poids concernant les objectifs restent les mêmes. Mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui de cet article (vous pourrez retrouver mes dernières réflexions à ce sujet ICI)

J’ai donc décidé de passer en focale fixe pour limiter…. le poids et l’encombrement. Je me suis rabattu donc sur 3 objectifs, le Nikon 16mm fish-eye f/2.8, le Nikon 20mm f/2.8 et bien évidemment le Nikon 50 mm f/1.4. Pourquoi ai-je choisi ces focales ? Car les focales fixes ont un piqué en théorie, supérieur aux zooms même si ces dernières années, la qualité optique des zooms transstandard a évolué et rattrapé son “retard”. Le 16mm fish-eye pour le fun, j’adore le fish-eye et celui-ci ne déforme pas tant que ça sur de grandes distances de mise au point, le 20 mm, car légèrement plus large que le 24 mm et le 50 mm pour son ouverture à f/1.4 et le bokeh qui en découle.

Et quoi de mieux qu’un joli terrain de jeux qu’est le salon de l’Automobile de Genève pour tester ma formule !

16mm Fisheye, 1/80 s, f/6.3, ISO 200

À l’heure où j’écris ces lignes, je suis dans le train qui m’emmène à Genève. Fixons donc les objectifs. Le cadrage, bien évidemment, je vais devoir travailler mon approche et non plus me reposer sur le zoom pour trouver le cadrage désiré. Certes, ma carte de presse devrait m’aider à rentrer sur les stands et approcher au mieux des voitures et non pas rester derrière les garde-fous (pauvres fous que nous sommes devant certains bolides…) où le zoom devient nécessaire. Dans certains cas je vais pouvoir jouer avec la profondeur de champ à f/1.4, ce que ne permet pas autant le 24-70mm. Bon en même temps pour jouer vraiment avec la profondeur de champ, il faut se rapprocher sur des détails ou autrement dit, avec de très faibles distances de mises au point pour obtenir un bokeh. D’ailleurs, pour rappel :

  • Plus la distance de mise au point est courte et plus la profondeur de champ est faible.
  • Plus le diaphragme est ouvert et plus la profondeur de champ diminue.

Il n’y a aucun intérêt d’essayer de jouer avec le bokeh à f/1.4 dans un cadrage d’une voiture en entier, cela devient plutôt intéressant sur des détails, donc une distance de mise au point courte, l’ouverture maximum me servant plutôt à palier le manque de luminosité, car j’ai décidé de travailler en sensibilité  fixe à 200 ISO. Et pour corser le tout, j’ai décidé de travailler en Manuel en jouant principalement avec la vitesse ou si celle-ci se révèle trop basse, compenser en ouverture pour trouver la bonne exposition même si par réflexe je décide de légèrement sous-exposer pour un meilleur traitement en post prod, bien évidemment en RAW. Il faudra également, prendre en compte les conditions d’éclairage, car ce dernier est principalement orienté sur les voitures donc, il y aura d’énormes différences de luminosité entre les voitures et le reste suivant, bien sûr, le cadrage choisi et également l’ouverture.

50mm, 1/100 s, f/4.5, ISO 200

Je décide donc de démarrer avec le 20 mm, mais qui se révèle, je le savais, inefficace à mes attentes lorsque je suis à 3 ou 4 mètres d’une voiture. Par contre, dans la situation où je suis proche de mon sujet, je peux vraiment jouer et cadrer pour occuper l’image sauf bien entendu pour des photos ultras grand-angles d’atmosphère. Étant également un passionné de sport automobile, je ne peux que me régaler à cadrer toutes ces voitures et avoir aussi la chance de les approcher de si près et de monter dans certaines. C’est alors que, derrière le volant, j’utilise le fish-eye en 16mm.

Je n’ai pas emmené de flash, car trop encombrant :-), nan, plus sérieusement, j’utilise le flash popup pour déboucher si besoin, et celui-ci se révèle largement suffisant dans les conditions lumineuses de ce type de salon où chaque stand utilise largement ce qu’il faut en éclairage pour mettre en avant et en valeur, leurs différents modèles de voitures. Et à savoir que le plafond de Palexpo est rempli d’éclairages supplémentaires en de multitudes spots, une sorte de ciel rempli d’étoiles…

À noter bien évidemment que j’ai emmené un polarisant sur mon 20mm pour limiter les reflets des nombreux spots de lumière se réfléchissant sur les carrosseries et vitres des voitures. À savoir qu’on perd 1 stop avec un polarisant d’où mon choix de passer en Manuel.

4 heures de ballades dans les allées du salon et 400 photos plus tard, soit une centaine de photos par heure, il est temps maintenant d’annoncer le verdict. Oui, ma triplette (non, nous ne sommes pas à la pétanque) se révèle intéressante dans une certaine démarche photographique, ce qui me fait penser que certains grands noms de la photographie travaillaient uniquement en focale fixe, d’où les compétences incroyables de ceux-ci au vu des conditions de certains clichés réalisés sans zooms ! Car disons-le tout de suite, même si travailler en focale fixe se révèle vraiment intéressant, cela devient rapidement contraignant d’avoir un objectif dans chaque poche et de changer au besoin avec les risques de casse et de poussières que cela implique. Cependant derrière le viseur, votre œil cogite vraiment et regarde partout jusque dans les coins, vous composez votre image sans l’aide d’un zoom.

20mm, 1/80s, f/5, ISO 200

Ai-je gagné en poids ? Oui je gagne en poids boitier + objectif, mais dans le sac ? Faisons le calcul, Nikon 20 mm 270 g, Nikon 16mm 290 g, Nikon 50 mm 229 g soit 789 g oui, je gagne par rapport à un 24-70 f/2.8 ancienne version qui pèse environ 900 g, et je gagne sur des focales ultras grand-angles, mais je perds en souplesse de travail.

J’avoue tout de même apprécier de travailler en focale fixe pour les différentes raisons citées, mais la focale fixe ne se prête pas à du reportage par exemple, événementiel qui est soumis à un timing relativement court, même si elle est capable de faire le boulot, mais on n’a pas forcément le temps de changer d’objectifs ou par exemple dans le cadre de reportage d’actualité, nous ne sommes pas toujours au bon emplacement. 

Quant à la post-prod, voici comment j’ai travaillé mes photos : ajustement des hautes lumières, tons ombres, noirs, blancs, un coup de netteté, un peu de clarté pour essayer d’équilibrer les tons sombres et les hautes lumières et ajustement de la luminance  dans certaines couleurs en l’occurrence, la couleur de la carrosserie de la voiture qui dans les hautes lumières générées par l’éclairage a tendance à avoir un aspect un peu délavé, donc je rattrape la couleur avec un peu de saturation dans cette même couleur, mais avec prudence, car le risque est justement de saturer la photo…

20mm, 1/100s, f/4, ISO 200

Bon, j’ai un mariage prochainement, je crois que je vais ressortir mon 24-70 et tant pis, je vais encore pester…

Retrouvez mes photos du Salon International de l’Auto Genève 2018 ICI

 

Frederik Gravier

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